Avec ses larges feuilles pouvant se développer jusqu’à 3 m de hauteur, la Renouée du Japon colonise nos berges et nos digues. Ainsi, près de Grenoble, on la trouve aux abords des ponts, des décharges sauvages et dans les secteurs où des travaux sont effectués sur les digues. Cette prolifération a des conséquences sur la bonne tenue des ouvrages, la diversité biologique, le paysage, les activités humaines. Pour ces raisons, l’AD s’est engagée dans une démarche d’expérimentation étalée sur cinq ans. Avec autant de protocoles d’essais, un suivi rigoureux et une analyse statistique aussi poussée, c’est une première en France.
Le choix des techniques
Neufs placettes d’expérimentation ont été implantées sur les deux rives de l’Isère. L’AD souhaite y tester des techniques faciles à mettre en oeuvre, non polluantes, non traumatisantes pour les digues, et respectueuses de la diversité des milieux. Ceci exclut toute forme de lutte chimique car, à proximité de l’eau, de tels produits provoquent de réels dégâts. La lutte biologique est une idée séduisante mais, introduire des insectes et des champignons, c’est courir le risque de remplacer un problème par un autre. Le décaissement s’avère impossible car il se traduirait par une déstabilisation du terrain, le labour est inefficace et le pâturage impensable car la renouée pose des problèmes d’appétence... Comment dès lors affaiblir les rhizomes et à limiter l’accès à la lumière de la partie végétative des renouées ? Notre choix s’est porté sur des techniques perturbatrices – fauchage et arrachage - et des mesures compensatoires - plantations ou semis.
Dès ce printemps 2008, des semis et des plantations seront réalisés sur certains sites. Notre approche ne vise pas à éradiquer toute présence de renouées, mais à observer leur comportement en situation de compétition. Des mélanges de graminées seront répandus, l’enracinement rapide des herbacées laissant place à une pelouse tondue chaque mois durant la période végétative des renouées. Ailleurs, de jeunes arbustes seront plantés, de type noisetier ou cornouiller sanguin. Leur développement est rapide mais limité à deux mètres maximum. Si l’AD a bien intégré l’idée d’une volonté d’équilibre entre les enjeux paysagers, environnementaux et hydrauliques, il n’en reste pas moins que, pour exercer sa mission de surveillance et d’entretien des ouvrages de protection, la végétation ne doit pas masquer ces derniers.